Voici l'arrivée du poisson-éléphant sur le plotseme!

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Les calculs géométriques d'un poisson électrique
Article paru dans l'édition du 25.08.07 du monde.fr

Le poisson-éléphant est un inlassable géomètre. En pleine nuit, dans une eau trouble, il compare les volumes de ce qu'il croise, en mémorise les silhouettes, en distingue la matière... à distance. Pour s'orienter, chercher sa nourriture et communiquer, Gnathonemus petersii utilise, dans ses rivières d'Afrique centrale, un faible courant électrique qu'il crée au niveau de sa queue et dont il analyse les variations à l'aide d'une « trompe » située sous sa bouche. Un organe singulier qui lui vaut son nom de poisson-éléphant.

Ce procédé d'électrolocalisation lui permet, par exemple, d'évaluer les distances au millimètre près en fonction du flou de l'« image électrique » qui lui parvient. Jusqu'ici, on ignorait les critères par lesquels il exploitait ce système propre aux poissons électriques. Quelques clés ont été livrées par une étude allemande publiée le 20 août, dans The Journal of Experimental Biology.

« De loin le plus intelligent des poissons électriques, et avec qui il est très agréable de travailler », de l'avis de Gerard Von der Emde, directeur de l'étude, Gnathonemus petersii s'est prêté à des tests de discrimination d'objets. Après qu'il eut appris à reconnaître la forme de la pyramide, il n'a eu aucune difficulté à la distinguer de celle du cube. Et il a été tout aussi performant lorsqu'on ne lui présentait qu'une structure en fil de fer et non un solide plein, ou quand une partie des contours avaient été tronqués. Pour Gerard Von der Emde, il est « capable de compléter des contours manquants, à la manière des hommes ».

Mis ensuite en présence de deux objets inconnus, il évaluait d'autres critères. D'abord, le matériau. Face à un modèle en fer, celui en plastique avait toujours ses faveurs « pour sa ressemblance électrique avec la pierre ». L'autre critère fondamental est le volume - et non la taille - des objets : par prudence, le poisson-éléphant choisissait systématiquement le moins volumineux. Soupesant le pour et le contre, il faisait son choix sous le regard attentif des chercheurs équipés de caméras infrarouge. C'est « une combinaison de ces différents critères » qui décide de sa conduite, dit l'étude.

Certaines espèces apparentées « devraient avoir des capacités similaires », explique l'auteur.Mais leur faible intelligence les rend « difficiles à entraîner et à étudier ». Parmi les 250 espèces d'Afrique et la centaine d'Amérique latine, le poisson-éléphant est le seul qui a laissé entrevoir l'étendue de ses capacités d'exploration.
Mathieu Rached