TRAVAIL EN COURS | retour vers lenteur
061207
2007-11-20 22:58:22
la lenteur : une grandeur physique.
il est clair qu'à ce titre s'oppose la culture scientifique : la lenteur n'est pas une grandeur physique. La grandeur physique en question ne peut être que la célérité.
La lenteur est une notion subjective, relative à un système, à une perception.
Un tortillard traverse des espaces à une vitesse agréable, mais non irréductible. On pourrait bien passer plus vite, l'expérience serait différente, on mettrait moins de temps.
Dans ce cas, la lenteur est appréciée comme la contemplation tranquille d'un paysage, elle semble en accord avec la temporalité supposée juste de ce que l'on traverse.
La lenteur, c'est le ralentissement d'un mouvement par rapport à l'idée qu'on se fait du même mouvement imaginé plus rapide.
Lenteur = possiblement moins vite.
La lenteur serait donc un sentiment potentiel qui augmente avec la vitesse :
L(potentiel)= facteur de C
La grandeur Lenteur (L) augmente-t-elle ou diminue-t-elle avec l'accroissement de la différence possible avec la vitesse (C)?
On peut dire que si la vitesse augmente, la lenteur (potentielle) augmente avec la distance au système vite.
L = xD.yC
où x et y sont deux facteurs à déterminer.
L'augmentation de la distance à un système, selon une vision gravitationnelle approximative, revient à l'accroissement de la désynchronisation. La thermodynamique nous amène à dire que l'augmentation de la désynchronisation correspond à un ralentissement.
Ainsi, la désynchronisation va augmenter avec le carré de la distance entre deux systèmes, même si la vitesse augmente. En théorie, on peut obtenir un ralentissement nul en accélérant proportionnellement au carré la distance, ce qui limite très vite la possibilité du maintien. Il faut ajouter également que le maintien d'un ralentissement nul dénote une volonté de ne pas désynchroniser, et l'ajustement se fait à grand frais en énergie.
La crise : le moment du découplage entre deux systèmes.
Deux systèmes interagissent, leurs énergies, vitesses, mouvements et temps sont synchrones avec plus ou moins de variations. Par exemple, un système très inertique entraîne un second : je suis dans le train. Ma présence influence le train mais globalement c'est le train qui me transmet son mouvement. L'expérimentation donnant une raison à mon geste, je saute du train.
A ce moment de crise, je me découple du système train et m'expose au système aérien -momentané- de l'atmosphère, avant de rencontrer le sol.
A ce point de suspension, très rapidement, je perçois le ralentissement de mon corps par rapport au train qui fuit. Ce ralentissement s'opère réellement par déperdition de mon énergie cinétique au contact de l'air, puis s'accélère douloureusement par friction avec le sol. Il s'agit bien là d'une zone de transition où la vitesse diminue mais où la lenteur ne croît pas nécessairement.
Après quelques roulades dissipatives, me voici assis dans la poussière. Le train s'éloigne avec une lenteur croissante. La distance qui me sépare de lui n'efface pas la sensation de vitesse du temps où j'en faisais encore partie. Je garde en mémoire la vitesse du train car je sais qu'il roule à la même allure par rapport aux rails. Je perçois la lenteur grandissante de son image dans le paysage par écart avec le modèle emporté dans ma chute.
La crise revient à faire se rencontrer au moins deux référentiels : un référentiel actuel (moi assis dans la poussière à la surface du sol) et un référentiel potentiel (ici le référentiel train à partir duquel j'ai entamé cette histoire).
Un référentiel est un repère qui coordonne l'ensemble des mesures et par rapport auquel l'espace et le temps sont stables. La passage d'un référentiel à l'autre est traditionnellement une opération mentale qui s'impose lorsque l'instabilité du système devient trop grande par rapport au phénomène observé. Dans l'analyse objective d'une situation, la transition de référentiel est communément évitée car elle imposerait de recommencer les calculs.
Il est plus simple de considérer que l'équation de la chute d'une bille à l'intérieur d'un train en translation constante correspond à celle de la même bille à la surface de la terre ou encore de la même bille dans tout environnement dit fixe.
La notion de lenteur associée à celle de crise amène à penser qu'il peut exister un rapport entre deux référentiels simultanés, voire que le passage d'un référentiel à l'autre est une expérience possible.
La lenteur est une grandeur potentielle, il n'est pas nécessaire que les deux systèmes soient réels. La vitesse potentielle d'un système, voire sa vitesse rêvée, suffit amplement pour evaluer cette grandeur.
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